association Les Amis de l'Orgue de Charolles
L'orgue de Charolles
2015
musée en musique
17.04.2015
UN PORTRAIT EN MUSIQUE
DE FRANCOIS COUPERIN "LE GRAND"
Le public nombreux qui remplissait la salle centrale du Musée du Hiéron le vendredi 17 avril pouvaient facilement (malgré l’émouvant tympan roman d’Anzy-le-Duc) imaginer assister à un office religieux du Grand Siècle. Qu’elles étaient loin, les plates « chansonnettes » actuelles ! Le programme était composé autour d’une suite d’œuvres sacrées de François Couperin « le Grand », virtuose, compositeur et familier de Louis XIV, remarquable mélomane et musicien autant que monarque exceptionnel.
L’ensemble « la Constance », déjà connu et aimé (mais sous le nom des « Amis de Purcell ») du public du concert annuel organisé par les Amis de l’Orgue de Charolles en partenariat avec le Musée, a comme particularité une démarche peu commune mais pleinement convainquant, celle d’associer à la musique la pratique de la déclamation, voire la gestuelle. Claudine Charnay, Héloïse Guinard, Rosemay Magnan-Dauvin, Fanny Mouren aux belles voix fraîches, agiles et expressives, étaient accompagnés par Isabelle Papadopulo (flûte traversière « Hotteterre » et clavecin) et Patrice Boinet (clavecin et direction).
Cette démarche de « la Constance » se traduisait, entre autres, par un enchaînement subtil et souple des œuvres qui excluait tout applaudissement en cours de programme : cette « contrainte » a été fort du goût des auditeurs qui ont pu se livrer totalement à ce voyage dans notre histoire musicale.
Allant de la déchirante Troisième Leçon de Ténèbres jusqu’à l’éclatant « Regina Coeli », une large palette de pièces somptueuses et virtuoses prouvait de façon évidente que l’Europe n’a nullement attendu le dix-neuvième siècle pour que la musique soit expressive. Les applaudissements fervents et nourris, enfin permis, ont témoigné de la joie prise par l’assistance à ce portrait musical de François Couperin « le Grand », pendant des « portraits » actuellement présentés par le Musée dans le cadre de son exposition « l’art en partage ».
"carte blanche":
un moment festif autour de Vivaldi
24.05.2015
Les derniers venus n’ont pas pu trouver place dans la Salle d’Apparat du Prieuré de Charolles. Il faut dire que le succès de ce rendez-vous avec les étudiants en spécialisation au Conservatoire Supérieur de Lyon ne se dément pas - tous se disent enchantés de l’enthousiasme et de l'émotion de ces jeunes virtuoses qui, de leur côté, sont invariablement touchés par la qualité de l’attention du public charolais. Il s’opère ici une rencontre exemplaire à travers des musiques qui ont traversé les siècles sans une ride et qui séduisent infailliblement ceux qui savent vraiment écouter.
L’affiche avait mis en avant comme oeuvre phare un concerto de Vivaldi joué avec panache par la violoncelliste Sacha Dessandier-Volkoff. Mais elle ne fut pas la seule soliste, loin de là, de même que Vivaldi fut accompagné par d'autres compositeurs éminents. C'est ainsi que l’assistance a écouté avec grand bonheur des œuvres de J.M. Leclair, J.S. Bach et G.P. Telemann interprétées par Véronique Bouilloux (violon), Deni Torres (clavecin) avec Sacha Dessandier-Volkoff. Une densité d’écoute peu commune a accueilli ensuite Albane Imbs dans des pièces pour archiluth par les compositeurs peu connus Kapsberger et Piccinini et un trio pour violon, alto (Paul Monteiro) et violoncelle de L. Boccherini, si souvent réduit à son célèbre (mais en comparaison insipide !) Menuet.
Un riche parcours, donc, avant d'atteindre le concerto tant attendu, interprété avec panache par Sach Dessandier-Volkoff: aux musiciens déjà nommés se sont joints Alice Roquefort et André Costa (violons) et Camille Dupont (violoncelle). Cet orchestre de poche fut soutenu enrichi par un double continuo de clavecin et de guitare baroque (Albane Imbs) l’efficacité rythmique devait faire pâlir d’envie tout guitariste moderne !
Avant un bis réclamé avec insistance, nous avons souhaité une pleine réussite aux artistes dans leur carrière musicale - en espérant que celle-ci leur permette de jouer de nouveau à Charolles.
le programme:
Sonate pour violon N°4
Adagio—Allegro ma non tropo—Sarabanda—Chaconna
Jean-Marie Leclair 1697-1764
Véronique Bouilloux (violon), Sacha Dessandier-Volkoff (violoncelle), Deni Torres (clavecin)
Extraits de la 3ème suite pour violoncelle seul
Courante—Sarabande
Johann Sebastian Bach 1685-1750
Sacha Dessandier-Volkoff (violoncelle)
Sonate N°2 en La Majeur pour violon et clavecin obligé
Johann Sebastian Bach 1685-1750
Véronique Bouilloux (violon), Deni Torres (clavecin)
Fantaisie pour violon n°4 en ré Majeur
Vivace—Grave—Allegro
Georg Philipp Telemann 1681-1767
Véronique Bouilloux (violon)
Trio n°2 Op 14
Allegro moderato—Adagio—Prestissimo
Luigi Boccherini 1743-1805
Véronique Bouilloux (violon), Paul Monteiro (alto), Sacha Dessandier-Volkoff (violoncelle)
pièces pour archiluth:
Toccata III
Giovani Girolamo Kapsberger c.1580-1651
Chaconna Mariona alla vera spagnola
Corrente III
Alessandro Piccinini 1566-1638
Albane Imbs (archiluth)
Concerto pour violoncelle en ré mineur RV 407
Allegro—Largo—Allegro
Antonio Vivaldi 1678-1741
les précédents, avec en plus
Alice Roquefort et André Costa (violons)
Camille Dupont (violoncelle)
Albane Imbs cette fois à la guitare baroque
"the curious bards"
21.07.2015
ILS NOUS ONT ENSORCELES ...
Prendre une grande cour Renaissance, une belle fin d’après-midi d’été, environ 340 mélomanes, un programme de musique celtique ancienne : voilà tous les ingrédients pour une belle soirée. C’était à Charolles le 21 juillet avec le jeune ensemble « The Curious Bards ».
Comme l’a expliqué Alix Boivert (violon baroque), à l’origine de ce programme était la constatation que les airs transmis oralement pour l’essentiel mais également contenus - paradoxalement - dans des recueils écossais et irlandais du XVIIIe siècle ne sont absolument pas interprétés par les musiciens traditionnels actuels. Une piste de recherche novatrice s’ouvrait ainsi ! Qui dit « recherche » peut faire penser à un académisme sec. Mais Alix Boivert et ses compagnons Bruno Harlé (flûte et whistle), Sarah van Oudenhove (viole de gambe), Jean-Christophe Morel (cistre) et Louis Capeille (harpe triple) sont depuis longtemps « tombés dans la marmite » et jouent ce répertoire avec plaisir, spontanéité ... raffinement et virtuosité.
Le concert comportait une très agréable alternance de ballades mélancoliques (parfaitement assorties à la tombée de la nuit dans ce lieu enchanté) et de « reels » endiablés qui ont donné envie de danser à plus d’un.
Les « Bards » ont tenu compte de la durée d’attention moyenne d’un public de concert. Mais pour les auditeurs la fin est arrivée bien trop tôt ... Heureusement, après les bis réclamés avec insistance, ce moment charmeur a pu être prolongé autour de la buvette rendue indispensable par la forte chaleur de la journée.
"les traversées baroques"
20.11.2015
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LA DECOUVERTE A ETE DOUBLE
Les Amis de l’Orgue avaient promis une belle découverte lors du concert (le dernier de l’année) qu'allait donner l’ensemble « Les Traversées Baroques » : la très rare voix de basse virtuose et le cornetto, instrument vedette du XVIIème siècle.
Promesse magnifiquement tenue ! La belle voix chaude de Renaud Delaigue a touché l’assistance par son étendue et son agilité surprenantes : le vibrato utilisé avec une parfaite maîtrise en tant qu’ornement ponctuel permettait une expression bouleversante. Quant au cornetto de Judith Pacquier - tant le timbre solaire et céleste que la virtuosité de cette étroite « trompette » en bois en faisaient oublier sa difficulté diabolique.
Entourés des beaux violons baroques de Stéphanie Erös et de Johannes Frisch et du continuo excellent et sensible du petit orgue coffre de Pierre Gallon, ces deux instruments remarquables ont proposé au public charolais d’entrer dans l’univers musical du XVIIème siècle où les émotions s’exprimaient avec une densité sublimée, atteignant l’universel. Depuis les premières notes en sanglots des violons, le programme « De profundis clamavi » a été perçu comme une réponse aux violences récentes ...
Mais la soirée allait apporter une seconde découverte, autant inattendue que magnifique. Au moment où la présidente de l’association remerciait les interprètes de leur beau concert, en lien si étroit avec le répertoire qu’allait servir l’orgue de Charolles, l’instrument, beau mais silencieux jusqu’alors, a « parlé » ... La stupéfaction et l’émotion furent à leur comble pendant que Pierre Gallon a exécuté une Fantaisie de Froberger. Ce premier rang de tuyaux (la Montre 8’) donne de magnifiques promesses pour les 26 autres, à installer et à régler d’ici le weekend inaugural (les 2-3 juillet 2016).
P.S. Vous ne nous en voudrez pas d'utiliser ici surtout des photos prises lors de la répétition. La photographe ne pouvait pas choisir librement son angle de vue pendant le concert ... Et sachez que, lors du "bis surprise", tous étaient tellement saisis que - à ma connaissance du moins - aucune photo ne fut prise !